qu'est-ce qui fait que ?

Corrida, zoosadisme sociétal. Qu'est-ce qui fait que quelque chose a zappé ? 

Réponse  de DB:

"Bonjour,

Pour essayer de répondre à la question " Qu'est-ce qui fait que quelque chose a zappé ?"

Un  mot convient, selon moi  : la jouissance.

La jouissance de l'enfant qui arrache les ailes des mouches; la jouissance du chasseur qui abat un perdreau en vol; la jouissance des grandes messes nazis de Nuremberg; la jouissance des tortionnaires; et d 'autres... Dans la corrida, la jouissance de la punition infligée au taureau ( le castigo, en langage taurin); la jouissance dans l'attente de  voir le matador se faire encorner (oui, un des ressorts puissants de la corrida - et peut-être le principal  !!!) ; la jouissance des rites; la jouissance de la communion de la foule. Et j'en passe. 

La corrida est une jouissance sexuelle métaphorique, et parfois réelle, d 'autant plus intense que les instruments pénétrants ne sont pas de bois, le sang n'est pas du colorant, les cris ne sont pas simulés, la victime souffre et meurt réellement, et que dire de l'orgasme cérébral - ventral des spectateurs / spectatrices ?

Les comptes-rendus de corridas, lus sous cet angle, sont éloquents. Lire l'Histoire de l'oeil, de Georges Bataille - mais cramponnez-vous, ça dérange...

Dans ce registre, qui a lui seul mériterait à mon avis d'être  approfondi, une question se dégage, celle de l'homosexualité et du suicide.

Cocteau, Montherlant, Leiris : homosexuels (pédophile pour Montherlant), suicidés ; Hemingway, suicidé; Lorca : homosexuel, fasciné par le suicide (fusillé par Franco). 
Quant au nombre de matadors suicidés - cf. le Quid - il est ... étonnant.

Lire aussi à ce sujet des textes taurins.

Le matador figure et substitut phallique ?

Le taureau figure et substitut sexuel ?

Tout me porte à le penser.

Bien entendu, je n'ai aucun parti pris, ni même aucune opinion, envers les pratiques sexuelles de chacun, dès lors qu'elles concernent des personnes consentantes.

Mais un sondage chez les taureaux a montré que 100 % d'entre eux demandaient l'abolition des corridas. 

Alors, ce qui a zappé, c'est peut-être qu'au nom de leur jouissance intime - exonérée du sentiment de culpabilité qui l'accompagne par les rites, le vocabulaire, la foule, le prix des places, etc., certaines et certains se vautrent avec délectation dans leur bauge. Que dire de ces gens au demeurant très ordinaires dont l'égotisme prime la morale, dont la pulsion annihile la conscience, dont les ignorances et les illusions l'emportent sur le sens du devoir ?

Sans les injurier, je dirai qu'ils portent haut et fort les valeurs de l'obscurantisme - dont Franco entre autres fut un remarquable spécimen !

Un autre mot convient, selon moi : la bêtise."

D.B.  

Mon avis. Il est certain que nous avons emprunté à l'Espagne ce qu'elle avait de plus arriéré, la corrida.Ne tardons pas trop à la leur restituer... mieux, ensemble à la tuer au nom de toute vie qui doit être respectée. C'est ce que le sondage chez les taureaux a montré !

L'Europe a prouvé récemment, à propos du toro de la Vega, qu'elle est incapable de s'opposer, sous couvert de tradition, au zoosadisme sociétal. Peut-on dire que la Commission Européenne, devant une décision d'une telle gravité, fait preuve de simple bêtise ? Ethique de la vie universelle ou jouissance mortuaire humaine, quelle direction prendra l'homme ? L'enjeu spirituel du XXIème siècle cher à Malraux dépasse le cadre des religions qui, elles, ont prouvé leurs limitations puisque, depuis quelques siècles ou millénaires, elles nous ont conditionnés à tuer au nom de Dieu... Conditionnement réussi puisque nous continuons. Animaux ou humains, tuons-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! L'industrie des armes reste la première activité humaine. Tant qu'il en sera ainsi, la question du choix ne se posera pas !

Comments

[unanima]

Merci, Hervé, vérité crue énoncée de manière très imagée... mais tout de même à noter qu'il a beau croire qu'il la "tombe", il a beau la vénérer, il ne l'a pas encore dominée... Quand on voit les dégâts partout, c'est elle qui est en train de le tomber ! Tant qu'il ne comprendra pas que ce n'est pas la peine d'en rajouter !Yves Paccalet a dit en titre : l'humanité disparaîtra, bon débarras !

[Hervé]

Cette question est très embêtante : bêtise, insensibilité, cruauté naturelle, angle mort de la conscience ?Un peu de tout ça au final... Et la culture, c'est à dire l'éducation reçue depuis des siècles qui nous force à considérer l'animal comme un être à peine animé, si peu sensible.L'évolution est longue, très longue et en attendant, les hommes embrassent la mort sur la bouche et disent qu'ils sont des tombeurs !