Mon témoignage adressé au CRAC
C.R.A.C.
Monsieur Jean Paul RICHIER
Objet : mon témoignage contre la corrida. Tauromachie = torturomachine, tuerimachie…
A l’âge de 20 ans, ma meilleure amie m’a proposé un week-end en Provence, les Saintes Maries de la Mer et la féria d’Arles. Je n’avais jamais mis les pieds dans une féria, ni aux Saintes, j’étais ravie. Nous nous sommes retrouvées aux arènes d’Arles, elle voulait voir le spectacle, je ne savais pas ce que c’était. Le « spectacle » a commencé, la musique entraînante, l’ambiance survoltée, le public qui s’impatientait, le Soleil, les « artistes » dans des habits clinquants, le décorum aveuglant, tout y était ! Quel bon moment nous allions passer !
Un taureau est entré sous les applaudissements et le spectacle a commencé. Après un instant, j’ai vu le sang jaillir de la colonne du taureau et commencer à dégouliner. J’ai eu envie de vomir. Je regardais la foule comme si je la découvrais, elle jouissait du sang, elle s’excitait. J’ai dit à mon amie, viens, on s’en va, c’est horrible, c’est de la charcuterie ! Mon amie a insisté pour qu’on reste, elle avait payé, pas question de rater ça ! J’ai essayé de me calmer mais des hurlements sont sortis de moi, j’ai commencé à parler à la foule. J’étais horrifiée, je hurlais à l’intérieur et à l’extérieur, comment ces gens qui avaient l’air normal un moment avant étaient devenus ces êtres assoiffés de souffrance et de sang. Je tremblais, je hurlais mais ce spectacle d’horreur continuait. Je me suis levée et je suis partie en continuant de hurler. Dans les couloirs de l’arène, j’entendais encore la foule qui jouissait de la cruauté ! Un policier me suivait en criant qu’il fallait me calmer, sinon il serait obligé de m’arrêter. Je n’en avais rien à faire, qu’il m’arrête, je n’avais fait de mal à personne. Je lui ai répondu : « Je m’en vais et jamais plus je ne remettrai les pieds à Arles. C’est ça votre fiesta ? Quelle honte ! » J’ai mis un moment avant d’arriver à me calmer. J’ai beaucoup pleuré et je n’ai jamais oublié. J’étais choquée et dégoûtée. Je suis restée profondément révoltée, hyper sensibilisée à toutes les souffrances que l’homme fait inutilement subir aux animaux. Je n’ai jamais plus accepté le fait que l’homme torture pour son plaisir, pour se divertir, pour se vêtir. Quand je vois avec le recul la façon dont les corridas sont en train de s’infiltrer dans les villes du Sud de la France et qu’on subventionne les écoles où les enfants apprennent à tuer, j’ai honte de mon pays, je suis horrifiée, je pense aux enfants et aux traumatismes qu’ils doivent subir, aux pressions des adultes leur disant, « viens, ça fera de toi un homme » Et les femmes qui donnent la vie, comment peuvent-elles parler des « caresses » que le toreador donne au taureau ? Non, l’humanité glorieuse ce n’est pas cela, s’acharner pour son plaisir sur un animal qui n’a aucune chance de s’en sortir vivant !.Pour moi, depuis, la corrida est devenu le symbole de la lâcheté extrême, une pitoyable et inhumaine gloriole, une tradition rétrograde qui justifie un zoosadisme malsain incitant à la violence, une «insanité » collective qu’il faut vite abolir.
Rien qu’en mettant sur papier ce témoignage pour le CRAC, je me sens encore agressée et salie par ces scènes de violence inhumaine que j’ai vues, je peux avec le recul parler de viol de ma sensibilité. Si cela m’arrivait maintenant, je demanderais réparation de ce viol de ma personnalité, de mon humanité à la ville d’Arles ! Aucune annonce n’est faite par les villes qui pratiquent cette torturomachine qu’est la corrida des terribles traumatismes que peuvent subir certains spectateurs, les jeunes en particulier. Des poursuites devraient être possibles contre ces villes pour obtenir des dommages et intérêts pour les ravages causés qui nécessiteraient un suivi psychologique sérieux, car les dégâts peuvent être aussi irréversibles que pour les victimes d’attentats.
Peut-être est-ce aussi en pensant à ce taureau sanguinolent que j’ai écrit la « déclaration des droits de la vie ». Pour moi, jusqu’à la fin de mes jours, je resterai avec ce traumatisme que personne ne pourra m’enlever. La tauromachie reste pour moi une tuerimachie indigne d’êtres humains dignes et évolués. Ceux qui en font sa promotion et son apologie, pire qui entraînent des enfants à y assister ou à tuer les taureaux pour la perpétuer sont des malades de l’Humanité ! La gloire de l’humain, ce n’est pas la souffrance animale ! Il y a bien d’autres priorités pour conquérir notre humanité. Il est vraiment temps d’évoluer !
« L’humanité n’est pas un état à subir, c’est une dignité à conquérir. » Vercors.
Joëlle Pellegrin Oldenbourg
Mouans-Sartoux, 1ère ville de France amie des animaux et anticorrida
http://www.unanimus.fr/declaration-droits-vie.htm
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