DORS, MON ANGE
Je l ai rencontrée par hasard.
Elle se baladait sur un trottoir,
amusante et amusée,
confiante.
Elle était jeune,
pas tout a fait formée,
jolie déjà,
une métisse,
américaine par son père,
bretonne par sa mère.
Elle s’en foutait de ses origines.
C’était l’âge Eden de LA VIE
Où chaque jour est paradis.
Elle était bien seule.
Son nom, elle le portait à son médaillon.
Nous avons fait connaissance
en discrétion,
si quelqu’un nous voyait !
Elle montait dans ma voiture,
Je lui faisais découvrir d autres horizons
que ceux de sa banlieue.
Elle n’était jamais fatiguée en journée de découverte!
Parfois, dans la voiture elle s endormait
et je dois dire qu elle ronflait un peu !
Elle aimait beaucoup les chiens,
les chats l'intriguaient...........
et la société des hommes,
jamais elle ne s’en lassait,
voir, tenter de comprendre,
toujours partante.
Je l aimais beaucoup,
Liza,
de plus en plus,
Nous étions très liés.........
Au delà des mots,
je la caressais
(s’il vous plait ne me jugez pas!)
je pensais même à la kidnapper,
elle semblait si seule
et parfois souffrante,
elle avait de plus en plus faim quand je la voyais.
Et puis je suis parti en vacances dans le Sud.
Je suis revenu,
elle était là,
assise devant une entrée d’immeuble.
Elle a crié de joie en me voyant revenir,
elle ne m’en voulait pas!
Liza était ainsi,
contente de peu,
mécontente de rien.
C’était super !
Elle me faisait rire.
Son métissage la rendait « étrange »,
regard oblique, un peu bridé,
grand yeux couleurs de miel............
Elle sentait bon.
Elle sentait l’océan et le vent sucré.
Un jour, je suis allé la chercher,
J’étais mal à l’aise..........
On avait tant parlé de ceux de sa condition
A la télévision,
Responsables de tout,
Remplis de vices,
Irrécupérables,
les journaux s'en donnaient à coeur joie,
même ceux que je n’aurais pas cru
capables de cruels malentendus,
ceux qui prônent la tolérance
et l ouverture,
c’était triste et angoissant.
Il y avait des cris dans le quartier,
des gamins, des ados, des adultes,
entre colère, rage et rire,
en train de lapider une créature.
elle s’était réfugiée sous un camion,
« On va la tuer ! Crève, saleté ! »
J’ai compris trop tard.
Sous le camion, il y avait Liza,
en sang,
un oeil crevé,
la mâchoire cassée,
une oreille presque arrachée..........
J’ai crié, frappé…
Les « justiciers » se sont "calmés"
Je me suis penché et elle a réussi à ramper vers moi.
De son nez coulait du sang,
elle a gémi de soulagement.
Je l'ai prise sur mes genoux.
Elle est morte dans mes bras.
Sur son jeune corps j ai compté 88 brûlures de cigarettes.
On l’avait torturée
parce qu’elle était d une sale race !
Elle n’a pas compris.
Ah oui, ne vous affolez, Bonnes Gens !
Ce n’était qu’un chien,
Ah oui, ce n’était qu’une bête
tuée par des humains,
une petite femelle Pit Bull.
C’était en 1998.
Dors, mon ange !
Hervé