A propos d'ESPERPENTICA, l'inique inscription de la tauromachie au patrimoine culturel immatériel de la France !
Reçu de Jean-Paul RICHIER? VOUS POUVEZ VOUS EN INSPIRER. MERCI D'ECRIRE ET DE DIFFUSER.
Il faut donc continuer la lutte, et j'en profite pour remercier toutes les organisations de leur travail intensif.
A ce propos, a-t-on demandé à la Délégation permanente (l'"Ambassade") de la France auprès de l'UNESCO son avis, non pas sur la corrida, mais sur son inscription au PCI national par le ministère de la Culture, au titre de la Convention de 2003 adoptée par l'UNESCO ?
Pour rappel, le rôle principal de la Délégation permanente (l'"ambassade") de la France auprès de l'UNESCO est d'y promouvoir les positions françaises dans les domaines de compétence de l'Organisation. La présence de l'UNESCO sur le sol français (Paris) donne par ailleurs à la France une vocation particulière dans ses rapports avec cette institution.
Qui est actuellement l'ambassadeur de la France auprès de l'UNESCO ? Rama Yade.
Coordonnées :
Cette proposition, ainsi que la suggestion de courrier, sont bien entendu libres de copyright, et peuvent être reprises (y compris sans me mentionner) par les organisations qui le jugeront utile.
Objet : Inscription de la corrida au PCI français
A l'intention de S. Exc. Madame Rama YADE
Madame,
Vous avez certainement pris connaissance par les médias de la décision du Ministère de la Culture et de la Communication d'inscrire la corrida à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français.
Cette inscription est censée suivre les critères de la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel adoptée par l'UNESCO en 2003. Il s'agit notamment de protéger les traditions populaires et la diversité culturelle, menacées par la désuétude, le désintérêt, l'uniformisation économique.
Or, cette mesure a été obtenue par L'Union des Villes Taurines Françaises et une association 1901 dénommée Observatoire National des Cultures Taurines, présidée par André Viard, non pas pour protéger la corrida de l'oubli ou la désuétude, mais pour « "
préserver la culture taurine de toutes les attaques dont elle est l'objet au nom de supposés "droits des animaux" » (cf http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-12-09/14-12-091.php). Les réactions de partisans de la corrida à l'annonce de cette inscription à l'inventaire confirment qu'il s'agit pour eux d'une victoire sur leurs opposants (cf par exemple http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-04-11/24-04-112.php). Il s'agit à l'évidence d'un dévoiement de l'esprit de la Convention de 2003.
Par ailleurs, la Convention de 2003 insiste, dans le dernier considérant de son préambule, sur "l
e rôle inestimable du patrimoine culturel immatériel comme facteur de rapprochement, d’échange et de compréhension entre les êtres humains", et dans le dernier critère de sa définition du PCI (article 2, § 1) sur "
l’exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus".
Or, depuis son introduction en France il y a quelque 160 ans, la corrida a toujours été vigoureusement combattue par des citoyens, des associations, des hommes politiques, et a toujours fait l'objet de nombreuses batailles médiatiques, juridiques, et législatives.
Elle est de nos jours interdite par le Code pénal par l'article 521-1, dans le chapitre "Des sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux", ainsi que par les articles règlementaires R654-1 et R655-1. Elle n'est tolérée par des alinéas ad hoc de ces mêmes articles que "lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée", immunité légale unique dans l'ensemble du Code pénal.
Une proposition de loi demandant que cette interdiction s'applique sans dérogation à l'ensemble du territoire français, déposée par Muriel Marland-Militello (UMP) et Geneviève Gaillard (PS) en juillet 2010 a recueilli à ce jour 74 signatures de députés (malgré l'embargo du groupe socialiste).
Les enquêtes d'opinions montrent de façon répétée qu'une majorité de Français sont opposés à la corrida (72% selon une enquête LH2 d'octobre 2007), et même réclament son interdiction (66% selon une enquête IFOP d'août 2010). Élément remarquable, qu'il faut souligner dans le contexte de préservation du patrimoine culturel local, ce souhait d'interdiction se retrouve presque autant dans les régions taurines que dans les régions non taurines.
Enfin, ce débat est actif non seulement en France, mais dans les autres pays pratiquant la tauromachie espagnole. Rappelons qu'en juillet 2010, le Parlement de la Catalogne, deuxième région d'Espagne en termes démographiques, a voté la suppression des corridas à partir de 2012. En Équateur, l'une des questions d'un référendum national prévu le 7 mai 2011 porte sur la suppression des corridas.
Ces exemples montrent que la corrida n'est pas une "pratique culturelle" comme une autre, mais fait l'objet de sévères dissensions entre des groupes de pensée opposés.
Il nous apparaît donc que, par cette inscription, le Ministère de la Culture et de la Communication a incontestablement pris position dans un débat de société qu'il ne lui appartient nullement de trancher, et a été à l'encontre de l'esprit de la Convention de 2003. Cette initiative porte tort à de nombreux citoyens, à des associations, à des élus, à l'image de la France à l'étranger, et en définitive au ministère lui-même.
Madame Rama Yade, les Français vous apprécient pour votre franc-parler. Nous aimerions connaître votre position, non pas sur la corrida comme telle, mais sur l'opportunité de cette inscription à l'inventaire du PCI français.
En vous remerciant de votre réponse, je vous prie de croire, Madame, à l'assurance de ma considération distinguée.