http://www.sudouest.fr/2011/02/01/eleveurs-et-veterinaire-a-la-barre-306265-3350.php
Du dossier de trafic de chiens présumé, il n'est presque plus rien resté hier.
« Tout ça pour ça ! » ont lâché dans une belle unanimité les avocats des cinq prévenus, à l'issue des réquisitions du représentant du parquet. Celui-ci venait de demander des peines allant de six mois de prison avec sursis et de 5 000 euros d'amende, - pour la plus élevée -, à 1 000 euros d'amende avec sursis, pour la plus légère. Sur le banc de la défense, on n'allait pas se priver de pourfendre le traitement de ce dossier instruit depuis 2005, parti sur des faits de trafic de chiens avec les Pays de l'est, d'escroquerie en bande organisée. Cinq ans d'instruction et sept énormes tomes plus tard, on aboutissait hier devant le tribunal correctionnel de Dax à des poursuites sans commune mesure pour les quatre éleveurs de chiens de la région de Dax et un vétérinaire tyrossais.
Non-lieu pour le trafic
« Il n'y a pas le début du commencement d'un réseau organisé ou d'un quelconque trafic. Ces faits ayant été frappés d'un non-lieu » tenait à préciser d'emblée le président Philippe Darracq qui connaissait visiblement le dossier sur le bout des doigts. Un dossier parti d'un rapport de la direction des services vétérinaires à la suite de plaintes d'acheteurs de chiots et de soupçons d'anomalies dans certains élevages. Un faisceau de suspicions ayant donné lieu à une enquête et des écoutes téléphoniques qui laissaient présumer des procédés peu regardants avec la législation, la circulation de vaccins, de carnets de vaccination aux pages pré-signées par le vétérinaire, des « bidouilles » pour des chiens venant de Belgique.
Hier, au cours d'une audience fleuve consacrée à ce dossier, - et qui aurait pu débuter le matin pour la sérénité générale- il est surtout resté un débat juridique sur l'acte de vaccination et sur une interprétation des textes opposée, suivant le côté de la barre que l'on occupe.
Maître Jean Dechez Leprêtre, avocat du Conseil supérieur de l'ordre des vétérinaires et du syndicat national des vétérinaires défendant le principe que toutes les vaccinations étaient réservées aux seuls vétérinaires et que les cas évoqués dans ce dossier n'entraient pas dans les dérogations admises par la loi.
Absence de maltraitance
Pour la défense en revanche Me Mourad Benkoussa avocat du vétérinaire indiquait que le principe de dérogation s'appliquait aux éleveurs.
Des plaidoiries allant toutes dans le sens de la relaxe, insistant sur l'absence de maltraitances à animaux dans ce dossier. Que si, par exemple, on avait importé des vaccins d' Espagne alors que la loi d'interdit, c'était seulement en urgence, parce qu'ils n'existaient pas en France, et pour sauver des animaux.
Restaient aussi de chaque côté de la barre des témoignages empreints d'émotion. Sur le banc des parties civiles l'avocate d'un jeune adulte handicapé dénonçait la mort du chiot de son client, acheté dans un des élevages poursuivis, sans carnet de vaccination conforme.
Illustrations selon elle, de pratiques peu respectueuses de l'animal. Le vétérinaire tyrossais poursuivi s'exprimait aussi : « ma vie de vé- térinaire a été brisée. J'ai perdu la moitié de ma clientèle. Cela fait cinq ans que j'essaie de comprendre. Je suis une personne hon- nête ». L'affaire a été mise en déli-béré.