De délivrer l’oiseau mis en cage, De libérer le chien enchaîné, De prendre sous sa protection Tous les êtres qui ne parlent pas mon langage.
Je l’ai implorée de mettre dans mon cœur La compassion pour tous ces animaux Qui tremblent de peur et d’effroi Devant l’humanité acharnée à les maltraiter, A les faire mourir de toutes les façons possibles Sans qu’ils puissent jamais exprimer La moindre plainte, le moindre cri Qui ne soient entendus par les humains Que comme de simples rugissements, Des râles ou des pépiements De bêtes sans âme ni esprit.
J’ai prié la déesse De délier la corde qui retient le cheval, D’alléger le fardeau de l’ânon et de sa mère, De rendre sensible le cœur des hommes, Mais je l’ai entendue me répondre Que mes prières demeureraient vaines Si moi-même Je ne me sentais pas le frère des plus petits, De la fourmi, de l’oisillon, De la souris qu’il m’a fallu tuer, De ce porc dont la viande M’a en partie nourri, De l’éléphant dont je caresse l’ivoire Transformé en œuvre d’art.
J’ai mis sur l’autel de mes prières Une minuscule statuette d’ivoire De la déesse montée sur un éléphant Proche de celui qui fut sacrifié Pour ses défenses de lait.
Dépose mon or blanc sur ton autel Pour que mon sacrifice ne soit pas vain, Mais rappelle à tous Que la compassion n’est pas qu’un mot Et que l’orgueil de l’homme nourrit sa fin Qui se rapproche Dès qu’il opprime nos peuples Car sans l’animal L’homme ne pourra plus lire Le Livre de la Nature, Ni apprendre à devenir aussi sage Que les déités qui nous protègent.
J’ai laissé détruire mon corps Par un fou qui souriait De me voir pétrifié dans la mort, Mais je suis vivant, Tandis que lui souffre mille fois Les morts qu’il infligea Et regrette chacune de nos dépouilles, Chacune de nos défenses Convoitées et tellement prisées Par les riches amateurs d’art.
Garde-moi sur ton autel Pour que tes prières soient entendues Des dieux et des déesses, Pour que nos ancêtres soient apaisés Par le désir de justice d’un humain.
Nous régnons sur le monde, Mais l’homme nous croit sans âme ! Nous portons l’avenir de la Terre,
Mais l’homme croit régner en
maître. Accompagneront la fin de son orgueil.
Trop tard ! Il est déjà trop tard pour l’homme, Mais pas pour celui qui lui succèdera, Pour cette nouvelle humanité Qui voit déjà le jour Et nous parle d’égal à égal.
Préservez nos ivoires Par respect pour nous,
Pour nos morts inutiles. Qu’ils sont larmes d’esprit animal, Qu’ils sont porteurs de nos âmes, Mais rappelez-vous que nous sommes loin Dans un monde où n’ont leur place Que les Sages de toutes les espèces.
Li Tsi, Jeila, Ajelie et Michel |
Merci à Michel L. qui a bien voulu confier ce chant d’espoir aux visiteurs d’Unanimus.
Michel précise : « J’ai scanné la statuette d’ivoire. Je ne souhaitais pas acquérir cet objet, j’y ai été poussé. Il s’agit d’un ivoire relativement ancien, probablement une centaine d’années. Il montre la déesse de la Compassion, KUAN YIN, montée sur un éléphant. Je suppose qu’il est chinois, car en chinois monter un éléphant se dit QI-XIANG, terme homophone du mot bonheur QI-XIANG selon le dictionnaire des symboles chinois de Wolfram Eberhard (Seghers, 1984).