«Qui a regardé Intervilles hier soir à la télévision ? » La question posée par Lionel Lohiague, le gardien des arènes, est quelque peu avisée. En quelques secondes, les têtes se lèvent, les yeux s'écarquillent et les mains se lèvent. En ce deuxième jour de l'initiation à la tauromachie proposée aux enfants par la Ville, il fait très chaud mais les motivations sont intactes. Ils sont onze, âgés de 7 à 11 ans et piétinent d'impatience d'empoigner capes et toros en résine pour jouer à la corrida.
Mercredi, la première journée de découverte a été consacrée à la visite des arènes par le maître des lieux en personne. Deux heures de promenade pour découvrir les coulisses du spectacle taurin : la chapelle où viennent se recueillir les héros du jour avant de toréer, le bloc opératoire en cas d'accident grave, les corrales où sont parqués les toros, et le toril, couloir où les bêtes attendent d'entrer sur la piste.
Une pratique sans risque
La visite est ponctuée d'explications sur le règlement, l'histoire et les valeurs de la corrida. Et bien qu'un peu moins attentifs que leurs parents, les enfants ne sont pas avares de questions : « Ça fait mal un coup de corne ? Ça coûte combien une cape ? Et c'est lourd l'habit des toreros ? » Lionel, qui a pratiqué en tant que professionnel jusqu'en 2001, enchaîne avec passion anecdotes et explications sur le monde de la tauromachie.
Hier, les onze apprentis étaient donc fin prêts à fouler la terre du ruedo et manipuler le matériel. Quatre faux toros sur roulettes et des capes de différentes tailles, adaptées à l'âge et à la carrure de chacun. Le gardien des arènes commence par montrer aux enfants comment amener l'animal au centre de l'arène à l'aide de la première passe de cape, la véronique. « Il faut faire passer le toro entre vous et le centre de l'arène et surtout pas entre vous et le public, précise l'éducateur. Et travaillez vos mouvements de poignets. »
Les débuts sont timides mais appliqués. Tout de suite, les deux filles du groupe trouvent leur style, « beaucoup plus gracieux » selon Lionel. Viennent ensuite le maniement détaillé de la cape, les banderilles et les passes de fioritures destinées à faire réagir le public.
C'est chacun son tour. Le soleil tape et les toros s'excitent. Pendant la pause rafraîchissement, Clément, 9 ans, confie sa passion : « J'ai déjà vu plein de corridas avec mon papi et j'ai demandé à ma mère de m'inscrire dans une école taurine. » Pour d'autres, il s'agit plus simplement de découverte. « C'est l'occasion pour eux de voir comment ça fonctionne et de pratiquer un peu sans pour autant risquer leur vie comme le font les professionnels », explique la maman de Nicolas, 10 ans.
Lionel Lohiague initie les enfants à la tauromachie depuis plus de dix ans. Pour lui il s'agit surtout d'un éveil. « Devenir professionnel est très difficile. Je leur parle des valeurs de courage, d'abnégation et de discipline de ce sport. J'essaie de leur transmettre un peu de cette passion qui nous anime. Simplement et sans polémique. »
Le stage se termine aujourd'hui mais un deuxième rendez-vous est pris, cette fois-ci pendant une semaine entière, du 10 au 14 août prochain.