Reçu de Gilbert :
AU FOND DU VIEUX REFUGE …
Au fond du vieux refuge, dans une niche en bois,
Depuis deux ans je purge d’avoir trop cru en toi.
Tous les jours je t’attends, certain que tu viendras,
Tous les soirs je m’endors sans que tu ne sois là.
Pourtant je suis certain, je te reconnaîtrai,
Viens me tendre une main, je te la lécherai.
Tu te souviens très bien, quand je sautais sur toi,
Que tu me caressais, que je dansais de joie.
Que s’est il donc passé pour que ce 16 juin,
Heureux que tu étais, je me rappelle bien,
Tu sifflais, tu chantais en bouclant les valises,
Que tu m’aies attaché, là, devant cette église.
Je ne peux pas comprendre et ne croirai jamais
Que toi qui fus si tendre tu sois aussi mauvais.
Peut-être es-tu très loin, dans un autre pays,
Mais quand tu reviendras, moi j’aurai trop vieilli.
Ton absence me pèse, et les jours sont si longs,
Mon corps s’épuise, et mon cœur se morfond.
Je n’ai plus goût à rien et je deviens si laid
Que personne, jamais, ne voudra m’adopter.
Mais moi je ne veux pas que l’on me trouve un maître,
Je montre bien mes dents et je prends un air traître
Envers qui veut me prendre, ou bien me caresser,
Pour toutes illusions, enfin leur enlever.
Car c’est toi que j’attends, prêt à te pardonner,
A te combler de joie, du mieux que je pourrai,
Et je suis sûr, tu vois, qu’ensemble nous saurions,
Vivre des jours heureux, en réconciliation.
Pour cela, je suis prêt, à faire de gros efforts,
A rester prés de toi, à veiller quand tu dors,
Et à me contenter, même si j’ai très faim,
D’un vulgaire petit os, et d’un morceau de pain.
Je n’ai jamais rien dit lorsque tu m’as frappé
Sans aucune raison, quand tu étais énervé,
Tu avais tous les droits, j’étais à ton service,
Je t’aimais sans compter, j’acceptais tous tes vices.