Merci à Jean pour cette supplique contre les enfants toortionnaires que le mundillo corridesque porte au pinacle dans des accents métaphysiques tristement abominables ! Où sont donc à ces moments-là les associations de protection de l'enfance ? Suffit-il d'aduler un enfant pour qu'il lui soit permis de devenir aussi cruel et froid que les "grands" ? Très beau texte où la compassion efface l'incompréhension... Devant la mort, regrets et remords, colère et révolte sont désespérément inutiles, tout est joué, rien ne peut être rattrapé.
Puissent beaucoup de mères qui sont fières de leur enfant futur torero lisent attentivement...
Que penseraient-elles à la place de cette
Quel homme politique responsable et humain interdira l'horreur de ces écoles de tuerimachie pour bambins où le veau n'est qu'un instrument suppliant qui rencontre dans le coeur sourd d'un enfant un autre instrument tranchant ?
REQUIEM POUR PETIT DIEU
Olé !....petit dieu….
Te voilà allongé sur le sable que ton sang
Abreuve peu à peu en une flaque visqueuse
Quatre cents kilos de muscles enrobés de fierté
Ont eu raison de toi, orgueil démesuré
Tes entrailles ont cédé, désormais c’est trop tard
La corne a supplanté ton épée, ton poignard
Tu vas mourir si tôt, avant d’avoir vécu
Sans avoir eu le temps d’affiner ton salut.
Regarde cet homme là-bas, laid et triste, gros et gras
Epongeant avec peine un front rouge et perlé
Où suinte l’anisette qu’il a bue à ton sort
Nullement affligé comblé par ton trépas
Tu croyais l’étonner, mais c’est toi qui as tort
Regarde cette femme à demi effondrée
Nul ne peut dire si son cri de pâmée
Exprimait l’effroi ou l’intime jouissance
Au vu de ta blessure gonflée par ta souffrance
Volupté du point G que ta douleur procure
Ta vie brisée et ta jeunesse perdue, elle n’a cure
Regarde ces notables faussement désolés,
Elites de pacotille aux effets de strass
Ta gloire naissante leur offrait un bonus
Remplissant leur cassette, en voulant toujours plus
Se moquant de tes rêves gangrenés par l’argent
Miroir aux alouettes que tu payes de ton sang
Regarde ton ami aux yeux baignés de larmes
Lui t’aimait vraiment, bien plus que ta mère
Laquelle va revêtir son manteau de cimetière
Pour suivre ton cercueil qu’on a laqué de blanc
Comme le veut la coutume quand on perd un enfant
Ils t’attendent là-haut ces yeux noirs massacrés
Haie d’honneur silencieuse pour un tueur à gages
Tes habits de lumière à présent déchirés
N’ont plus cours au ciel que tu vas rencontrer
Ton avenir sacrifié à l’autel des usages
Valait pourtant bien mieux que de tourner la page
Adieu ! Petit dieu, j’aurais aimé t’aimer
Tu t’en vas bien trop vite pour te parler en frère
Te montrer le soleil, les sommets et la mer
Oublier tes pulsions, ta phobie, tes envies
Avancer tous les deux, n’admirer que la Vie
Jean Poignet / Mai 2007