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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 08:49

Nina Ceccarelli, écrivain, poète, membre de l’Alliance Anticorrida, nous donne l’autorisation de reproduire ce superbe texte .
Pourquoi l'homme a-t-il une telle haine du taureau qu'il le supplicie dans les olés ? Peut-être tout simplement parce qu'il contemple, dans la couleur sombre de la robe de ce noble animal, l'insoutenable noirceur de sa propre âme incapable de compassionnelle humanité !
Merci, Nina, d'élever ton verbe haut pour la cause des animaux !

anti-corrida-taureaux-nina-ceccarelli 

LE TAUREAU DE NOS ARENES

 

La terrifiante faucheuse encore a surgi,
Dans l’arène silencieuse un taureau gît.
Sous le regard altier, vainqueur du toréador,
Et sous le soleil qui étire ses rayons d’or ;
Il brandit l’oreille du malheureux si beau,
Ce deuil semé fleurira un jour son tombeau.

 

Habits de lumière, sous des clameurs démentes, paso-doble obsédant qui invite le combat, parade multicolore, funeste tradition contre force et intelligence. L’intelligence n’est-elle pas déjà la force? La force qui différencie l’animal de ces aptitudes primitives? Pourquoi l’homme a-t-il donc tant besoin de prouver sa bêtise? Dans l’infâme toril, tu attends, taureau, jouet vivant livré à la foule d’êtres que l’on dit humains. Toi qui n’a rien demandé à personne, à chaque déchirure qui blesse ton auguste échine, n’est-elle pas la déchirure de la cruauté pure, de l'ignoble indifférence, de la souffrance infligée, sans miséricorde, par des milliers de gens? Cela porte un nom : barbarie! Quand l’homme ajoute à ses jeux pervers l’ignorance au non respect de la vie, qu’est donc ce bourreau, sinon un épouvantail sans cervelle? De quel droit dispose-t-on de toi, taureau? De quel droit te drogue-t-on pour mieux combattre dans l’arène, afin de satisfaire des regards avides de sang et des cœurs creux comme l’abîme sans fond du néant? Toi, le paisible monarque de nos prés, de quel droit perce-t-on ta peau? L’homme ne peut-il pas vivre autrement que dans l’affliction? La beauté du ciel, de l’amour, de sa terre ne suffit donc-t-elle pas? Lui qui, dans sa frayeur, se fait effrayant parce que effrayant il est! Tandis que toi, taureau, martyr d’un jour, sous un torride soleil, celui qui, pourtant, appelle la vie, l’amour, la paix du ciel. Ton cœur bat, sous les applaudissements, quand s’ouvre enfin la porte de ta prison, on se moque de toi, taureau, de ta lourdeur, de tes gaucheries, sous le regard sans âme du toréador qui te leurre de sa cape diablesse, drap aux lueurs de feu! Et tu fonces, taureau, tête baissée et ainsi, tu ne sais, dans ta douloureuse agonie, ce que te veulent ces gens qui braillent, gesticulent et que tu ravis par ta bravoure une foule toujours plus gourmande de sang qui n’attend que l’horrible final, lorsque ton boucher te coupera l’oreille. Si un vaurien lui en faisait autant, que penserait-il de cet outrage à sa souveraine esthétique? Tu t’essouffles, taureau, à ta mort que tu sens proche et qui, lentement, te vide de tes forces et de ta courte vie. Tu t’agites, tu ne comprends pas ces banderilles qui t’agacent et te font mal, quel est le prix de ton injuste châtiment. Tu ne sais pas combien les hommes sont cupides, combien ils aiment l’argent, et pour cela combien ils peuvent être méchants, que ta mort enrichira ton tortionnaire et bon nombre de ses dirigeants ; que les hommes paient pour voir la souffrance, mais sont avares de bons sentiments. Aveuglé par la douleur, par ton sang répandu sur le sable brûlant de ton abattoir, victime de la ruse humaine, tu t’inclines, finalement, face à l’homme indigne qui décide du coup de poignard qui ôtera ton souffle, certes empli de gloire pour ce jour glorieux, taureau, mais qu’en sera-t-il au soir quand, à son tour, sonnera pour lui l’hallali? Lui qui se sera mesuré à toi l’animal, en regard de lui-même, de sa grandeur, il n’en sera que plus petit, même s’il est vainqueur, car la justice invisible a un côté clair et l’autre obscur. Chaque paix immense, le jour nous le rend, chaque acte infâme fait l’édifice de l’éternelle nuit. Tandis que le spectateur quitte l’arène l’esprit soudain dégrisé, nu d’un après-midi curieux, idiot, inutile, il n’en sera pas plus grandi, pas plus heureux, pas plus enrichi.
Dans son morne horizon, il s’évanouit dans des nuits sans lune, en remuant mille fois la cendre de son cœur, car il n’est de bonheur que dans l’honneur de soi-même, mais aussi celui des autres. Alors, égard ! à ce doux habitant de la terre, estime! aux solides sabots qui foulent les herbes de nos vertes prairies, grâce! à la grâce de l’animal qui a aussi un droit à la vie.

 

Il est des crimes contre l’humanité, certes, chacun de nous le sait, hélas! mais il est aussi des crimes contre l’animal. Quand l’homme cessera-t-il d’apaiser sa soif de sang, lorsque ce sang n’est pas indispensable à sa vie ou sa survie? Toute religion, toute justice, toute sensiblerie gardées mais en conscience, l’homme a-t-il le droit de s’approprier cette substance inhérente à la vie, et qui plus est, de se réjouir de l’ôter dans la souffrance infligée juste pour le plaisir de l’infliger? L’être humain est-il sur terre uniquement pour cela, ou n’a-t-il pas mieux à faire? A-t-il le droit de gaspiller sa vie aussi stupidement? Car il n’est rien de plus stupide que l’acte exécuté sans songer à sa juste cause ou à sa stérilité, faisant ainsi de la vie une abstraction et de la mort une banalité. Où commence le droit des hommes et où s’arrête-t-il?

 

Nina Ceccarelli

http://www.casanina.mon-vip.com/  

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