Dans un excellent petit livre intitulé « Sales bêtes », Allain BOUGRAIN DUBOURG déplore l'absence de résultats des Rencontres Animal et Société dont la société justement n'entendit pas parler.
Seules, les associations se mobilisèrent pour ce qui ne pouvait être qu'un échec.
Ceux qui gouvernent aiment volontiers citer JAURES et BLUM pour mieux servir «les forces vives », comme, dans une génération leurs successeurs citeront un écologiste radical tout en faisant la politique des chasseurs et des tortionnaires d'animaux, amateurs de corridas, tenanciers d'usines à cochons, poulets ou veaux en « batteries ». Nous vivons le temps des intérêts masqués, de l'imposture, du détournement d'image, de la manipulation mentale à grande échelle.
Mentir ne suffit plus. Il faut le faire énormément.
Comment imaginer sérieusement que les gouvernants osent attenter tant soit peu aux intérêts des éleveurs, des transporteurs d'animaux, des chasseurs, des organisateurs de corridas, des tenants des abatages prétendument rituels, lobbies divers dont les valets veillent au parlement au maintien des « saines traditions ».
La France demeure la lanterne rouge de la condition animale en Europe.
Je sais, l'Espagne offre le plus grand nombre de manifestations cruelles à l'encontre des animaux, mais même en ce pays longtemps obscurantiste, les idées évoluent plus vite qu'ici. N'est-il pas question pour le parlement Espagnol de reconnaître des droits aux grands singes ?
En France, la condition animale apparaît sujet subalterne, décalé, une préoccupation futile de gens pas très sérieux.
Facile, pense le Pouvoir en quête de communication permanente et d'effets d'annonces, d'abuser les associations de protection des bêtes, pas très politiques, de les distraire avec des tables rondes sous les lambris dorés des ministères.
Que peut-il sortir de ces rencontres ?
Certainement pas l'abolition de la chasse, sujet interdit d'ailleurs car trop explosif.
Pas davantage, l'abolition de la torture tauromachique dont les dignitaires du régime fréquentent occasionnellement les gradins de la honte.
Pas même, une modification du code civil pour reconnaître la spécificité de l'animal qui n'est tout de même pas une chose. La FNSEA s'y oppose résolument.
Comment les « exploitants agricoles » pourraient-ils continuer à entasser des porcs, des volailles dans ces élevages concentrationnaires de l'horreur où ces animaux n'ont pas suffisamment d'espace pour satisfaire leurs besoins physiologiques essentiels, si ces marchandises obtenaient un statut et des droits ?
Figurerait, au nombre des propositions retenues par les gouvernants, à l'issue desdites rencontres, « un code de bonnes pratiques de la corrida » !
Ces gens-là au 18'me siècle nous auraient proposé un code des bons usages de la torture et se seraient interrogés sur le caractère trop doux du rasoir national.
Mais, à propos qui est ministre de l'agriculture ? Qui vient d'autoriser le « Cruiser », insecticide controversé ?
L'homme qui en 1994, alors qu'il s'occupait du ministère de l'environnement supprima les réserves LALONDE créées antérieurement dans les Pyrénées pour protéger les derniers ours et celui qui finança généreusement un institut patrimonial du Haut Béarn, toujours en faveur des ours, mais que présidait un adversaire du sympathique plantigrade.
Vous connaissez la suite et ce qu'il advint de l'ours.
Quant à l'argent dilapidé au profit de sa conservation, c'est une autre histoire.
Ainsi se gaspillent en ce pays les deniers, les énergies, les bonnes volontés,le crédit des hommes politiques, la Nature et les êtres sensibles.
La censure masque notre voix. La vérité dérange et ceux qui font le spectacle nous honorent grandement en nous frappant d'ostracisme.
Nous ne sommes pas solubles dans leur idéologie contre Nature.
Nous aimons le dialogue, la concertation, le débat des idées contraires mais lorsque ceux-ci s'organisent sur des bases loyales, honnêtes et non en paravents des crimes contre la Nature et les animaux.
Nous constatons que la condition animale ne s'améliore nullement et tend même à se dégrader pour satisfaire la quête de profit de certains individus qui réifient les êtres sensibles pour mieux les exploiter.
Chaque jour, nous contemplons effarés l'hermétique cruauté humaine envers le vivant.
Il y a vraiment des «sales bêtes» inquiétantes, dépourvues de toute sensibilité qu'ils imaginent pouvoir insulter en la qualifiant de sensiblerie !
Gérard CONDORCET
CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE